16 mai 2025 : la news de Flits
On joue aux futurologues : Évolution des professions juridiques à 1 an, 3 ans, 5 ans et 10 ans.
🥊 L’IA agentique et les MCP arrivent… Que doit on attendre de l’évolution des professionnels du droit à 1, 3, 5 et…10 ans ?
Alors oui, c’est risqué d’essayer de prédire le futur. Mais en même temps c’est assez passionant d’essayer de prolonger la courbe pour essayer de savoir où tout cela nous amène.
Transformation, Révolution, Destruction ? On plonge dans le futur.
(Ne vous inquiétez pas, à la fin on s’en sort à peu près).
Nostradamus et son fameux ouvrage "Alors l'IA, au fait ?", 1527.
🤖 L’IA c’est déjà (un peu) la révolution.
L’essor rapide des IA génératives (ChatGPT et autres LLM) a déjà transformé la pratique du droit en offrant des outils de rédaction, veille et analyse juridique à grande échelle. (si je vous l’apprends, il faut lire plus souvent cette news. Je dis ça, je dis rien.)
En France, les legaltech et les éditeurs – Dalloz, LexisNexis, Septeo… – intègrent massivement l’IA depuis 2023, tandis que le législateur européen pose les bases d’un encadrement déontologique et réglementaire (AI Act) pour en maîtriser les risques et garantir la responsabilité humaine finale.
Les cas d’usages d’aujourd’hui, vous les connaissez.
Et si vous ne les connaissez pas, on a fait des topos complets dans la dernière édition de notre news et aussi dans celle là.
Mais comme a dit Yoshua Bengio (le fameux), le fondateur de l’institut Québecois d’IA MILA et lauréat du prix Turing 2018 (qu’il a reçu avec Yann LeCun, actuel patron de l’IA chez Meta, hop la boucle est bouclée) :
“On surestime souvent la vitesse de transformation à court -terme, mais on sous-estime l’impact de ses transformations à long -terme”
Alors on va se livrer à un exercice périlleux aujourd’hui : imaginer l’avenir du métier de juriste et d’avocats à 1an, 3ans, 5 ans et 10 ans.
(Paco Rabanne si tu nous écoutes.)
👍 1 an : Généralisation et structuration
On est toujours pas sur une transformation complète du métier. Ce que vous connaissez déjà va s’accentuer très rapidement, ne laissant plus beaucoup de place aux sujets non-IA.
👉 Intégration omniprésente des assistants IA dans tous les outils métiers
La tendance amorcée en 2024 va se renforcer : la plupart des logiciels juridiques intégreront nativement des fonctions d’IA. Gestion de cabinet, traitement de documents, bases de données… tous ces outils « classiques » auront leur module d’IA conversationnelle ou générative.
👉 Adoption élargie, mais encadrée
Le nombre de professionnels utilisant régulièrement l’IA va exploser.
La majorité des grands cabinets auront surement déployé un outil d’IA générative (acheté ou developpé en interne). Les directions juridiques des grandes entreprises devraient également s’équiper pour l’analyse automatique de leurs contrats et la veille réglementaire.
En revanche, pour les cabinets plus petits, l’adoption sera probablement plus lente, faute de moyens ou par prudence, même si des outils SaaS abordables existent.
Globalement, on peut estimer qu’en 2025-2026 plus d’un avocat sur deux en France aura au moins testé un outil d’IA dans sa pratique. (ah on a dit qu’on se mouillait)
👉 Gains d’efficacité immédiats, mais peu de disruption structurelle
Sur 1 an, l’IA va avant tout accélérer l’exécution des tâches sans encore bouleverser l’organisation du travail juridique.
À court terme, cela se traduira par une réduction de la charge de travail routinière, surtout sur les tâches répétitives. Néanmoins, le cœur du métier (conseil stratégique, négociation, présence en audience) restera inchangé sur un horizon d’un an.
L’IA jouera un rôle d’assistant augmenté, pas encore de véritable agent autonome indépendant.
👉 Émergence des premiers agents IA spécialisés
On verra arriver les premières solutions qualifiées d’“agents juridiques” autonomes, même si elles en sont à leurs balbutiements.
Leur apport spécifique est l’automatisation proactive : aujourd’hui un avocat doit solliciter l’IA pour chaque tâche (ex : “rédige-moi tel paragraphe”).
Demain l’agent pourra prendre l’initiative de faire directement une suite d’actions dès qu’un événement survient (ex : réception d’un nouveau dossier client).
👉 Modèles cognitifs personnalisés (MCP) en phase initiale
L’idée ici ce sont des IA personnalisées par utilisateur commence à émerger.
Grâce à l’arrivée des MCPs (je pourrais vous noyer de détails techniques, mais en substance, c’est un nouveau protocole d’échange de données entre les IAs et les applications tierces qui est en train de devnir un standard et qui va permettre aux IAs de connaître et d’interagir avec tout votre ecosystème), les résultats montreront pertinence accrue et une meilleure confidentialité : plutôt que d’interroger un modèle générique entraîné sur des données publiques, le juriste interrogera son modèle enrichi de sa base de connaissances privée.
🧐 On fait le bilan (calmement)
L’année à venir va ancrer l’IA comme outil standard du juriste innovant, sans que son rôle fondamental ne soit encore modifié.
Pour paraphraser KPMG, il est désormais clair que l’IA « ne remplacera pas tous les avocats, mais remplacera les avocats qui ne l’utilisent pas » d’ici quelques années.
Dès 2025-2026, on pourra bien observer les premiers écarts de productivité entre professionnels “augmentés” par l’IA et ceux restés à l’écart…
🏗️ 3 ans : on commence à reconfigurer l’organisation du travail juridique
Là, les vrais changements commencent à apparaître.
👉 Généralisation de l’IA dans la pratique courante
l’IA sera devenue omniprésente dans les cabinets et directions juridiques, au point qu’il sera difficile d’imaginer travailler sans ces outils – un peu comme l’est l’email aujourd’hui.
Les tâches qui, en 2023, prenaient des heures (analyse d’un lot de contrats, revue de compliance) seront exécutées en quelques minutes grâce à une combinaison d’agents intelligents et d’applications spécialisées. Une étude KPMG prévoit que d’ici 2030, les juristes qui sauront exploiter la technologie deviendront nettement plus performants que les autres, et que cette capacité sera une compétence différenciatrice clé pour les professionnels du droit
👉 Montée en puissance des agents IA autonomes
les agents intelligents gagneront en maturité et prendront en charge des processus complets plutôt que de simples tâches unitaires.
Par exemple, on verra des agents capables de gérer intégralement un dossier simple : réception d’une demande client via un chatbot, collecte des pièces pertinentes, pré-remplissage des documents juridiques requis, et élaboration d’une réponse standard – le tout avec un minimum d’intervention humaine.
👉 Personnalisation avancée via les MCPs
Chaque grande organisation juridique pourrait disposer de son modèle AI interne entraîné sur ses propres données (dossiers, contrats, mails, etc.).
Ici on ne parle pas seulement de RAG (les bases de données IA internes que votre IA peut interroger dès aujourd’hui), mais des vrais agents autonomes qui se connectent à tout et gardent l’historique de tout ce qu’ils ont effectué pour vous.
Cette IA interne agirait comme une mémoire vivante : elle connaîtrait l’historique des affaires du cabinet ou de l’entreprise, les positions juridiques déjà défendues, les clauses préférées ou au contraire proscrites, etc. Ainsi, lorsqu’un juriste l’interrogera, la réponse tiendra compte du contexte local et pas seulement d’une connaissance juridique générale
👉 Nouveaux cas d’usage émergents
On va pouvoir enfin imaginer des cas d’usages dont on nous parle déjà mais qui sont à des années lumières de la réalisation :
Modules de négociation assistée : des IA représentant chaque partie lors de négociations de contrats standards (sous contrôle humain) pour trouver rapidement un terrain d’entente sur les clauses non essentielles, en s’appuyant sur d’énormes bases de données de précédents.
IAs simulateurs d’audience : elles joueraient le rôle de l’adversaire dans des moot courts virtuels afin de préparer l’avocat en testant tous les arguments possibles.
Compliance prédictive : l’IA pourrait croiser les données de l’entreprise (comme par exemple les emails internes) et les réglementations pour signaler proactivement les risques de non-conformité (par exemple, détecter dans les échanges internes des indices qu’un paiement pourrait violer une règle anticorruption, et alerter avant que le problème ne survienne).
Explosion de l’accès au droit pour le public : on pourrait voir en France l’essor de conseillers juridiques virtuels pour les petites litiges ou les questions du quotidien (logement, consommation, droit du travail de base), accessibles via des plateformes publiques ou associatives, avec une validation a posteriori par des juristes bénévoles ou des agents publics.
👉 Transformation des méthodes de travail et des rôles
Le rôle des professionnels va commencer à se redéfinir. D’ici 3 ans, on peut anticiper l’apparition dans les cabinets français de postes nouveaux du type “juriste data” ou “legal technologist”. Ces personnes, souvent des avocats avec une double compétence en informatique, auront pour mission de gérer les projets IA, de surveiller la qualité des modèles, de paramétrer les agents pour les différents services, etc.
Parallèlement, les collaborateurs junior en cabinet verront probablement leur job description évoluer : ils passeront moins de temps sur la recherche brute de jurisprudence ou la relecture ligne à ligne de contrats (puisque l’IA le fera en partie pour eux) et davantage sur le contrôle des résultats de l’IA, l’enrichissement des bases de connaissances, ou la personnalisation de modèles.
👉 Et les modes de facturation ?
(Ah ne me lancez pas là dessus.)
l’IA réduira le volume d’heures nécessaires sur certaines missions standard, c’est mécanique.
Beaucoup de cabinets vont migrer du temps passé aux forfaits, abonnements, ou services à valeur ajoutée.
On peut toutefois penser qu’en 2028 le modèle économique traditionnel (temps passé) perdurera encore, mais pour combien de temps ? Les clients, conscients que l’IA fait gagner du temps, exigeront sans doute des baisses de coûts ou une prestation plus riche pour le même prix (ou les deux…)
Alors on commencera probablement à vendre de la technologie aux côtés des services juridiques.
🧐 On fait le bilan
à 3 ans, on devrait constater une adoption quasi-générale de l’IA dans la profession, avec des gains d’efficacité majeurs mais aussi les prémices d’une réorganisation du travail.
Les professionnels pourront se concentrer davantage sur le raisonnement stratégique, le conseil personnalisé et la créativité juridique – des domaines où l’humain conserve une nette avance.
👽 5 ans : ça y est, le paysage a changé
En 2030, l’IA aura opéré une transformation plus profonde des métiers juridiques, au point que le paysage professionnel et les pratiques quotidiennes seront sensiblement différents de ceux d’aujourd’hui.
👉 “Nouveau normal” : l’IA partout, tout le temps
l’intelligence artificielle sera devenue un compagnon permanent du juriste. Chaque avocat disposera d’assistants virtuels multiples intégrés dans son environnement de travail : un dans son traitement de texte, un dans sa messagerie, un dans son application de gestion de dossiers, etc., chacun spécialisé dans son rôle (rédaction, synthèse, classification, rappel d’échéances...)
Et ils vont tous communiquer ensemble.
👉 Automatisation poussée et tâches « auto-exécutées »
Les systèmes d’IA de 2030 seront capables d’accomplir de bout en bout de nombreuses tâches qui exigeaient encore une intervention humaine en 2025. Par exemple, la gestion du cycle de vie des contrats (CLM) sera largement automatisée : on estime que d’ici 2030, les Contract Lifecycle Management systems deviendront un standard universel dans les services juridiques, centralisant tous les contrats et incorporant de l’IA pour les suivre
On parle donc d’une automatisation proactive et anticipatrice. De même, dans le domaine contentieux, l’IA pourra préparer automatiquement tout le dossier pour une procédure type : génération du projet d’assignation, compilation des pièces pertinentes (identifiées dans la base documentaire), proposition de stratégie argumentaire basée sur ce qui a fonctionné dans des affaires similaires, etc.
Il n’est pas irréaliste qu’en 2030, pour certaines affaires standardisées, 80 % du travail préparatoire soit réalisé par des IA, l’avocat n’intervenant massivement que sur le dernier 20 %
👉 Métamorphose du rôle du juriste et nouvelles compétences
Le rôle du juriste sera recentré sur ce qui ne s’automatise pas (encore) : la conseil stratégique, la créativité, l’empathie et la relation humaine.
La formation initiale des avocats et des juristes d’entreprise aura évolué pour inclure des modules poussés sur la donnée et l’IA. Savoir exploiter les données (par exemple comprendre les statistiques de jurisprudence fournies par l’IA, ou paramétrer un requêtage dans un logiciel prédictif) sera aussi important que connaître un pan du droit matériel.
Si vous n’avez pas développé ces compétences,…comment dire…ça va devenir compliqué là.
Comme dit KPMG “les technologies n’élimineront pas tous les avocats mais élimineront ceux qui refusent de s’en servir”
Par ailleurs, de nouveaux métiers juridiques se seront installés d’ici 2030 : on a évoqué les legal data scientists et autres spécialistes, mais il y aura peut-être aussi des “auditeurs d’algorithmes” (chargés de vérifier la conformité éthique et juridique des IA utilisées par le cabinet ou l’entreprise) ou des conseillers en stratégie technologique juridique.
👉 Évolution du marché et des business model
En 5 ans, l’IA aura probablement entraîné une redéfinition de l’offre de services juridiques.
Les frontières entre professions pourraient s’estomper : par exemple, de grands cabinets pourront vendre à leurs clients entreprises des outils automatisés en marque blanche (on voit déjà Allen & Overy co-développer avec Harvey des solutions d’agents qu’ils commercialiseront aux clients, là, en 2025).
Ainsi, plutôt que de facturer du temps passé à faire une due diligence, un cabinet pourrait louer à son client l’accès à son IA qui fera le travail, l’avocat n’intervenant qu’en support.
Les Big Four (Deloitte, PwC, etc.) auront sans doute accru leur pénétration du secteur juridique en misant sur leur puissance en matière d’IA et de gestion de données.
Pour les cabinets traditionnels, le défi sera de justifier la valeur humaine apportée en plus de l’IA.
On peut imaginer davantage de forfaits de service ou d’abonnements, où le client paye pour un résultat ou un accès à une plateforme plutôt qu’au temps de travail.
On peut aussi voir le truc à l’envers : La rentabilité des cabinets pourrait augmenter si l’IA leur permet de traiter plus de dossiers avec la même équipe, mais cela requerra d’adapter le modèle de facturation (j’en ai déjà parlé non ?)
Un rapport Deloitte anticipe qu’environ 100 000 emplois juridiques pourraient être automatisés d’ici 2036 en raison de l’IA.
D’ici 2030, sans aller jusqu’à la suppression massive de postes, on pourrait voir une attrition des fonctions purement exécutantes (secrétariat juridique, premières années d’assistanat) au profit de postes plus qualifiés.
Et enfin (un des) éléphants dans la pièce : Les collaborateurs juniors seront moins nombreux ou recrutés différemment.
Une grande part de leurs tâches classiques (recherches, brouillons) sera gérée par la technologie.
Cependant, il est probable que la demande globale de services juridiques continue de croître (sous l’effet de la complexité réglementaire, de la mondialisation, etc.), ce qui pourrait compenser partiellement l’automatisation : les juristes libérés de certaines tâches pourront en faire d’autres, ou couvrir un plus grand volume d’affaires pour démocratiser l’accès au droit.
👉 Sûreté, éthique et régulation consolidées
Vers 2030, le cadre légal entourant l’IA dans le droit sera beaucoup plus clair.
On peut s’attendre à ce que les éditeurs de solutions juridiques mettent en avant des certifications ou labels prouvant la fiabilité de leurs IA. Les Ordres professionnels auront probablement adopté des règles déontologiques spécifiques : par exemple, une obligation pour l’avocat de divulguer si une partie substantielle d’un document a été produite par IA, ou l’interdiction d’utiliser une IA non approuvée pour certaines matières sensibles (pénal, droit des étrangers, etc.). Ces garde-fous étant en place, la confiance du public envers l’IA juridique devrait s’être renforcée.
Je suis convaincu que les clients accepteront plus volontiers qu’une partie du travail soit faite par machine, du moment que la responsabilité finale reste humaine et que cela améliore le service (coût, rapidité).
On peut également imaginer qu’en 2030, les décideurs publics utilisent eux-mêmes l’IA pour améliorer la justice, et surtout les délais de traitement des affaires.
🧐 On fait le bilan (toujours calmement ?)
Là on entre carrément dans la mue des professions juridiques.
Les business models vont changer, les recrutements aussi.
Un indicateur en passant : la taille du marché de l’IA juridique devrait atteindre 46 milliards de dollars en 2030 (contre seulement 1,2 Md en 2023), signe que l’investissement dans ces technologies aura été massif et global.
Les prochaines années seront donc décisives pour savoir qui dans l’écosystème juridique saura le mieux tirer parti de cette vague technologique et “réinventer” son métier autour de l’IA, plutôt que de la subir.
🤡 10 ans : un ordre juridique nouveau ?
Là, on est carrément sur de la science fiction. Mais c’est le jeu, on va quand même essayer d’imaginer notre monde à 10 ans, c’est parti.
👉 Assistant numérique personnel pour chaque juriste
En 2035, chaque avocat disposera vraisemblablement d’un assistant IA personnel aussi incontournable que l’est le smartphone aujourd’hui.
Il aura été entraîné pendant des années sur les documents produits par l’avocat, aura intégré son style d’écriture, ses préférences argumentatives, ses domaines d’expertise et même ses points de vigilance particuliers.
Il pourra anticiper des points de vigilance, et même ses besoins.
Par exemple, en scannant l’agenda et les emails, elle préparera en amont les documents ou recherches nécessaires pour les réunions du lendemain. On parle donc d’une véritable extension de la mémoire et de la réflexion du juriste.
En 2035, la distinction entre l’outil et l’utilisateur sera parfois floue – on peut imaginer que la production d’un avocat + IA sera considérée comme un tout, le duo fonctionnant comme une entité symbiotique. (oui on a dit qu’on allait loin, hein)
👉 Automatisation complète des tâches à faible valeur ajoutée
Tout ce qui est répétitif, standardisable et ne requiert pas de finesse humaine sera entièrement automatisé dans le domaine juridique. Par exemple, les procédures administratives (enregistrement d’une marque, recouvrement de petites créances, formalités d’entreprise) pourront être prises en charge intégralement par des systèmes experts et des agents IA, sans intervention d’un avocat sauf exception.
Pour les entreprises, les actes juridiques courants (contrats simples, conditions générales, NDA) seront générés et exécutés de manière autonome via des smart contracts ou des workflows d’entreprise intégrés à l’IA.
Par exemple, deux systèmes d’IA représentant deux sociétés pourront négocier entre eux les termes d’un contrat d’approvisionnement en se basant sur les préférences et limites fixées par leurs juristes respectifs, et parvenir à un accord optimisé en quelques secondes – les juristes n’intervenant qu’en supervision et pour les paramètres de départ.
De même, la compliance sera largement automatisée en continu : l’IA surveillera tous les flux d’information d’une entreprise (courriels, documents financiers, données IoT pour les industries, etc.) et les comparera en temps réel à l’ensemble des obligations légales applicables, déclenchant automatiquement des actions correctives ou des alertes avant qu’une violation ne se concrétise. Ainsi, une bonne partie du rôle “police interne” du juriste d’entreprise pourrait être géré par la machine, le juriste humain se concentrant sur l’analyse des cas complexes ou l’adaptation des règles internes lorsque la machine signale un scénario nouveau.
👉 Justice augmentée et règlement des litiges optimisé
On peut imaginer des tribunaux civils où les dossiers sont pré-analysés par IA : avant l’audience, un rapport automatique indiquerait aux juges et parties les points de convergence, de divergence, et une suggestion d’issue basée sur la jurisprudence.
On pourrait même aller plus loin, (si la législation suit), et projeter des plateformes en ligne intelligentes, validées par les autorités, qui permettront à un justiciable de résoudre un litige mineur (remboursement d’un vol annulé, contestation d’une amende) via un processus guidé par IA, aboutissant à une décision exécutoire ou un accord, sans audience physique. (enfin l’explosion de l’arbitrage sur petits litiges ?)
l’IA, aussi évoluée soit-elle, ne remplacera pas la dimension humaine nécessaire pour convaincre un tribunal ou accompagner un client traumatisé.
En 2035, il est probable que la loi continue de réserver la plaidoirie et la représentation aux humains, mais on ne peut exclure que certaines juridictions ou modes alternatifs (arbitrages privés, ODR – Online Dispute Resolution) acceptent des “robots-avocats” dans un rôle limité.
👉 Réorganisation complète des cabinets et services juridiques
Si on se projette à 10 ans, les cabinets d’avocats auront dû adapter en profondeur leur business model. Puisque l’IA aura drastiquement réduit le besoin de main d’œuvre sur les tâches junior, la structure pyramidale traditionnelle (beaucoup de juniors facturant des heures sous la supervision de quelques seniors - bon c’est un raccourci, mais vous avez compris l’idée) pourrait laisser place à des structures plus plates et agiles.
On pourrait avoir des cabinets très “élastiques” : un noyau d’associés et d’experts seniors, soutenus par une batterie d’IA et une équipe réduite de collaborateurs pour les assister, et faisant appel à des ressources externes ponctuelles selon les besoins (un peu à la manière de cabinets de consultants, ou les agences de communications modernes).
Le levier financier ne sera plus d’avoir le plus d’heures facturables, mais d’industrialiser au maximum la production juridique.
Certains cabinets auront franchi le pas de vendre des produits en plus des services : par exemple, un cabinet pourrait commercialiser une application d’IA juridique spécialisée (issue de son expertise) qui génère des revenus sans intervention humaine directe.
Le département juridique deviendra un centre de données et d’analyse autant qu’un centre de conseil. On peut penser qu’en 2035, l’évaluation de la performance d’un service juridique se fera sur des indicateurs nouveaux (valeur ajoutée mesurable, risque évité ou opportunité réalisée grâce aux outils) plutôt que sur la simple minimisation des dépenses (on vous voit les DJ)
👉 Nouvelles frontières éthiques et juridiques
À long terme, l’IA elle-même posera de nouvelles questions juridiques. En 2035, on débattra peut-être de la personnalité juridique de certaines IA (faut-il une responsabilité autonome ? un statut d’assistant reconnu légalement ?). Si des agents négocient des contrats entre eux, il faudra clarifier la validité de ces accords et la responsabilité en cas de défaut.
Le droit de la propriété intellectuelle aura évolué pour traiter les créations réalisées par IA. (mais ça, on en parle tout le temps)
La confidentialité : Si l’IA personnelle d’un avocat retient toutes les informations de tous ses dossiers, comment s’assurer qu’en cas de compromission de cette IA, on ne divulgue pas des secrets couverts par le secret pro ? Faudra-t-il imposer une désactivation ou un oubli de l’IA en même temps que la démission d’un collaborateur ?
Et si l’avocat quitte le cabinet, à qui appartient le copilote, justement ?
Bon, la bonne nouvelle, c’est qu’on peut aussi imaginer qu’à 10 ans, un écosystème réglementaire complet se sera construit : lois nationales, éthiques professionnelles, standards technologiques, pour canaliser ces enjeux.
Pis, tout ça, ça va créer des nouveaux sujets de practice pour les avocats.
Après, le défi sera de reconvertir une partie des professionnels dont les tâches traditionnelles auront été absorbées par l’IA vers ces nouveaux besoins juridiques.
🧐 On fait le bilan (on essaie en tous cas)
En conclusion, le scénario à 10 ans dessine une profession juridique profondément transformée, augmentée et repensée autour de l’IA. Les avocats et juristes d’entreprise exerceront toujours un rôle indispensable – celui de gardiens de la justice, de stratèges du droit et de conseillers humains – mais ils le feront en s’appuyant sur des agents intelligents omniprésents et des modèles cognitifs personnalisés qui démultiplieront leurs capacités.
Mais qu’on parle de 1 an, 3 ans, 5 ans ou 10 ans, il va falloir agir plutôt que subir.
Ceux qui sauront intégrer l’IA de manière vertueuse vont non seulement survivre et grandir, mais pourront en plus à titre collectif contribuer à une justice plus accessible, plus rapide et peut-être plus fiable, tandis que ceux qui resteraient en retrait bah… ça va les piquer un peu.
📢 À propos de Flits
C’est qui, nous ?
Flits est une agence qui aide les professionnels du droit à prendre en main l’IA.
On fait des conférences, de la formation et de l’accompagnement à la mise en place de l’IA pour vraiment vous aider à changer votre pratique et à gagner énormément en productivité avec l’IA.
Oui, je sais, là ça parait obscur. Le plus simple, c’est qu’on s’en parle, enenvoyez-moin mail à mathieu@flits.fr et on en discute. (je suis le gars le plus à gauche sur la photo)
Vous allez voir, c’est vraiment cool en fait.